"Nous
devons apprendre à respecter la vie sous toutes ses formes:
il ne faut détruire sans raison aucune de ces herbes, aucune
de ces fleurs, aucun de ces animaux qui sont tous, eux aussi, des
créatures de Dieu."
La mort de Théodore
Monod, le 22 novembre 2000, a suscité l'émotion, en
France, mais aussi en Europe et dans le monde entier. Elle a mis
en évidence aussi un paradoxe qui ne peut que conforter le
pessimisme de Théodore Monod quant à l'Homme : les
hommages des politiciens pour le combat d'un savant que toutes leurs
décisions contredisent.
Lui-même n'en était pas dupe : "Les plus beaux
discours sur la protection de la nature n'empêcheront pas
la poursuite des saccages, sous couvert de rentabilité".
Mais il reste une poignée de disciples pour qui la vie de
Théodore Monod restera d'une "singularité exemplaire"
et ses engagements pour la Justice, pour l'environnement, sa générosité,
des modèles pour une autre manière de vivre.
Quelques mois
plus tôt, à 97 ans il entamait une enième grève
de la faim, lisons plutôt ce que la presse en disait: "Le
professeur Théodore Monod, membre de l'Institut, a entamé
hier matin, à l'âge de 97 ans, une grève de
la faim de trois jours à Taverny, dans le Val d'Oise, pour
demander l'abolition des armes atomiques. A l'occasion du 54e anniversaire
de l'explosion de la première bombe atomique à Hiroshima,
l'académicien a rejoint des militants pacifistes, à
deux pas de la base militaire de Taverny, haut lieu du nucléaire
français. Pour Théodore Monod, "il est temps
de penser à l'avenir de l'homme. Rien qu'en France, avec
l'argent du nucléaire, on aurait pu loger tous les sans-abris.
L'arme nucléaire, c'est la fin acceptée de l'humanité"
août 99.
Un blason
symbole d'oecuménisme:
"En ce
qui me concerne j'ai de la position des grandes religions à
la surface de la terre une notion très pluraliste, c'est-à-dire
que je pense que chacune de ces grandes traditions
je vais
faire circuler un petit dessin que j'appelle généralement
mon blason sur lequel vous verrez que ces cinq grandes traditions
ont ceci de commun qu'elles sont
orientées par l'extrémité de branches, de rameaux,
qui s'enracinent toutes dans la même source, la même
eau - vous verrez quelque chose en bas qui est un peu tremblé
transversalement, cela représente l'eau, l'eau primordiale
si vous voulez, et c'est de là que sont sorties les grandes
religions.
Sur ce dessin,
certains d'entre vous pourront probablement trouver à juste
titre que j'ai un peu privilégié ma tradition, en
plaçant au centre une Croix et au pied de cette Croix le
signe des non-violents.
Oui, je reconnais
que j'aurais pu dessiner autrement le christianisme par rapport
aux autres grandes traditions religieuses, mais je suis - j'allais
dire chrétien - non, je suis apprenti chrétien, et
il était normal que j'attribue une importance particulière
à la foi à laquelle j'appartiens. Ceci dit, ma notion
de pluralisme s'exerce non seulement dans le domaine des grandes
religions, qu'on peut considérer comme juxtaposées
- il y a plusieurs demeures dans la Maison de mon Père -
mais s'applique aussi à l'intérieur du christianisme."
Il y a, enfin,
ce signe des non-violents qui ne devrait plus étonner dans
ce contexte très inter religieux. C'est à ce signe
qu'il est resté fidèle toute sa vie, pour le symbole
de la lutte pacifiste, de la " résistance non violente
" imitée de Gandhi, du combat pour la paix et la Justice,
tout de même qu'il resté fidèle à cette
Communauté des Veilleurs, fondée par son père,
le pasteur Wilfred Monod, et dont il est l'initiateur.
"Le christianisme
n'est pas un monolithe, il y a un très grand nombre d'aspects
du christianisme authentique
Il y a mille et une façons
de pouvoir se rattacher à une tradition chrétienne.
A condition - ce n'est pas une mince restriction - qu'aucun de ces
aspects partiels du christianisme ne prétende être
la Vérité avec un V majuscule par opposition à
tout ce qui ne le serait pas. Cela ne veut pas dire que le groupe
religieux auquel j'appartiens le prétende - vous savez probablement
que je suis protestant - mais à l'intérieur du protestantisme,
vous savez peut-être que j'appartiens à ce qu'on appelle
le protestantisme libéral, qui est un aspect de la foi protestante
qui attache plus d'importance à la rectitude de la conduite
qu'à l'exactitude des formules intellectuelles renfermées
dans les professions de foi ou les Credo".
"Il est
donc centré sur " l'obéissance volontaire à
l'enseignement du Sermon sur la montagne
", - " texte redoutable, reconnaît Théodore
Monod, révolutionnaire, car si on imaginait que ce texte
soit mis en pratique, le monde changerait du jour au lendemain ".
Les " Veilleurs ", enfin, selon les Principes constitutifs
de la communauté, " n'organisent pas une uvre
nouvelle. Ils sont émus par la dramatique déchéance
de la chrétienté actuelle (
). Ils veulent donc
" veiller et prier ", selon l'ordre du Maître, et
rester ainsi en état d'alerte spirituelle et de vraie disponibilité
pour servir, en s'efforçant de se maintenir dans l'Amour
de leur seigneur "
|