Les langues sifflées sont répandues dans
le monde entier, elles ont la complexité des languages
parlés mais permettent des communications à
plus grande distance (comme dans les Pyrénées,
les Canaries ou à Kuskoy en Turquie) ou bien en se
fondant dans les bruits de la forêt pour la chasse
(comme en Guyane ou au Brésil) ou les rendez-vous
amoureux secrets (chez les Kickapoo au Mexique).
Ces langues attestent des liens entre langues et musiques,
entre nature et culture, entre animaux et humains.
L'étude
de leur évolution, de leurs points communs avec les
régularités rythmiques universelles (que l'on
retrouve dans toutes les musiques du monde), de leur proximité
avec certains sifflements animaux (oiseaux et dauphins)
nous montre que beaucoup d'autres informations peuvent être
tirées de ces langues si particulières.
Elles
sont souvent malheureusement menacées comme la culture
des peuples qui les parlent. Pourtant elles détiennent
des informations vivantes sur notre nature humaine et nos
origines. Leur situation souligne la nécessité
pour notre génération de travailler à
rétablir un mode de vie plus en accord avec notre
nature afin de garder la possibilité de comprendre
qui nous sommes.
J'en ai répertorié à l'heure actuelle
une cinquantaine citées ou bien dans les documents
auxquels j'ai eu accès (certaines ont peut être
disparu depuis), ou bien par des contacts directs (par exemple
le " teton " d'Indonésie possède
une version sifflée dont on m'a fait la démonstration).
Elles sont réparties partout à travers le
monde en des points qui coïncident curieusement avec
les chemins de migration supposés par les paléontologues
des homo erectus et des homo sapiens.
La
technique de sifflement ne fait pas intervenir les cordes
vocales contrairement aux langues parlées mais l'intensité
du sifflement modulée par la forme de la bouche qui
pour chaque voyelle se rapproche de la forme dans la langue
parlée (ce qui aurait permis à l'homme de
Neandertal de parler avec cette technique s'il en avait
les capacités cognitives).(figure 2 et 3)

figure
2
Voici
la langue, un, deux doigts, une feuille rigide ou rien appuyant
dessus . Les lèvres restent absolument fixes, rigides
et recouvrent les dents. L'impédance acoustique des
lèvres ne varie pas. Par contre, les deux tiers postérieurs
de la langue peuvent s'élever ou s'abaisser, variant
ainsi le volume de la cavité buccale et sa résonance
avec le possibilité de l'accorder.(d'après
une radiographie)

figure
3 On peut réduire le modèle à un schéma
où l'ouverture A représente les lèvres
fixes et la partie bombée B représente la
position de la langue
Le
siffleur crée ainsi une situation proche mais non
analogue à celle du syrinx des oiseaux (figure4)
figure
4 Syrinx d'oiseau
Le signal
produit est une voyelle continue ou entrecoupée de
pauses qui forment des prémisses de consonnes. Les
premiers observateurs plaçaient les mélodies
sur des portées comme sur la figure 5

figure
5 Portée écrite en 1934 par I. Dugast chez
les Banen du Cameroun
Aujourd'hui
on peut observer la fréquence du signal (représentation
formantique ou sonagramme figure 6) ; on peut aussi replacer
le signal d'origine sur une portée tout en gardant
la forme initiale comme sur la figure 7 où l'on distingue
bien les voyelles des consonnes.

figure
6 Sonagramme de langue sifflée pyrénéennes
avec au dessus le diagramme du niveau en fonction du temps

figure
7 Articulation du silbo des canaries. Il y a interruption
quand la langue touche le palais.
Diversité
des langues sifflées:
On distingue deux types de langages sifflés : ceux
pour les langues à dominante tonale (langues à
ton comme le chinois : langues sifflées Mazateco
du Mexique ou Banen du Cameroun), dans ce cas le sifflement
des tons est aussi important que celui des voyelles ; et
ceux pour les langues non tonales comme le silbo (ci dessus)
ou le bearnais ossalien des Pyrénées dont
la technique et le décodage est plus explicite.
CARTES
A VENIR SUR LES LIEUX OU CES LANGUES SONT PARLEES
Usage:
Elles permettent des communications à plus grande
distance que les langues parlées (comme à
Kuskoy en Turquie) ou bien en se fondant dans les bruits
de la forêt pour la chasse (comme en Guyane ou au
Brésil) ou pour des rendez-vous amoureux secrets
(chez les Kickapoo au Mexique). Elles interviennent aussi
dans les rites religieux et tous les moments forts de la
vie et de la mort. Elles cumulent ainsi les rôles
sociaux dévolus au langage et à la musique.
Etude:
L'étude
de leur évolution et de leurs points communs avec
les régularités rythmiques universelles (que
l'on retrouve dans toutes les musiques du monde), de leur
proximité avec certains sifflements animaux (oiseaux
et dauphins) permet déjà de porter un regard
nouveau sur la diversité linguistique et sur les
caractères communs à toutes les langues qui
définissent la faculté de langage à
l'origine du développement des cultures humaines.
Nous
pensons, entre autres permettre aux scintifiques de dégager
de nouveau indices de comparaisons entre les langues ; de
contribuer à comprendre le rôle des rythmes
du langage qui servent aux bébés pour apprendre
leur langue maternelle; de contribuer ainsi à préciser
certains liens implicites entre langage, musique et mythes.